L'absurde: mon fils n'est pas né!

Publié le par Marielle

Dès l'annonce du décès de notre fils, les questions "bêtes et idiotes" se bousculaient dans nos têtes... Avais-je droit au congé maternité même si mon bébé était partit? Qu'en était-il du congé paternité? Allait-on avoir un acte de naissance?

La dure réalité se rappela à nous... Nous, futurs parents qui avions pencher nos têtes au dessus des lits à barreaux, fouillés les magasins afin de dénicher "le" dors-bien qu'il fallait, prévu les produits de toilette, la table à langer, acheter le lit et la chambre...penser le moindre détail pour accueillir notre fils dans les meilleures conditions possibles, nous devions faire de nouveaux choix pour lui. Devions nous l'inhumer ou l'incinérer? Quel cercueil choisir? Où l'enterrer et comment?

Du berceau nous passions au cercueil...

Bien heureusement, dans notre malheur, nous avons été épaulés par le personnel administratif de l'hôpital. Une jeune femme est venu me voir le lundi matin, jour de ma sortie...

Elle me demanda si nous voulions récupérer le corps, car il était possible de le faire incinérer à l'hôpital... Bien sur que nous allions prendre le corps de notre fils! La question me parut stupide sur le coup.

Plus tard j'apprendrais qu'un enfant né sans vie n'a pas d'existence juridique. L'absence de souffle n'oblige pas les parents à lui donner un nom ni à l'inscrire sur le livret de famille. Il en est de même pour le corps: ils peuvent le laisser à l'hôpital... Il sera alors incinérer avec les autres déchets hospitaliers... C'est peut être cru à dire mais c'est la triste réalité...

Tout comme un bébé qui naît en dessous du seuil de viabilité décrété par l'OMS (180 jours de gestation, soit à peur près 5 mois et demi de grossesse) n'ai pas reconnu comme un être humain. C'est un foetus. Les parents ne peuvent pas disposer du corps. On ne leur demande pas leur avis: leur enfant est un déchet comme les autres et il sera brûler en conséquence... Il n'y aura pas non plus d'inscription sur le livret de famille. C'est comme ça c'est la loi...

Dans notre société où la grossesse est sacralisée, où les enfants en devenir sont protégés comme jamais, on brûle les bébés décédés sans état d'âme. On néglige leurs parents. On empiète à jamais sur leur vie. On empêche leur deuil en les privant de tombe. On ignore la vie de leur enfant.

La jeune femme de l'état civil nous dit qu'il nous faut contacter une société de Pompes Funèbres... Nous pensions, sans vouloir nous l'avouer, que l'hôpital allait se charger de tout. Illusion bien sûr. Mais devoir faire les démarches était une souffrance de plus. Malheureusement nous n'en n'avions pas finit...

Concernant le cercueil elle me dit que l'hôpital peut fournir un petit cercueil blanc tout simple si nous le sougaitons. Nous acceptons. De toute façon nous avions opter pour l'incinération. Le cercueil n'avait que peu d'importance: nous allions choisir une belle urne.

Pour l'inscription sur le livret de famille, Batiste n'apparaitrais qu'à la mention "Décès". Ben oui, né sans vie c'est comme si on disait qu'il n'avait jamais vécu, ce qui est vrai. Mais de là à dire qu'il n'est jamais né... La jeune femme part avec mon livret de famille. Elle allait l'emmener en mairie pour nous faciliter les démarches.

Quelques jours plus tard, mon mari allait le récupérer à la mairie de Lille.

En effet, la partie "Naissance" était barrée d'un grand trait noir, au cas où l'on voudraient le remplir nous même. L'administration n'est jamais trop prudente.

Le cadre "Décès" était remplit simplement: "Batiste enfant sans vie" ainsi que la date.... Rien de plus. Voilà à quoi se résume les neuf derniers mois de ma vie.

Il y avait également les actes détat civil intitulés "Acte d'enfant sans vie". Sur le coup je trouvais ça plutôt joli comme formulation. C'était presque poétique. Mais cela voulait dire à mots cachés que mon fils n'était pas né. Il était décédé sans naître...

Mais comment est-ce possible? On ne peut pas décédé sans être né? Mon fils est né, certes sans un souffle, mais né tout de même... IL est bien sortit de moi tout de même...

Il y avait un corps. Un corps à enterrer, un nom de famille...alors pourquoi dire qu'il n'avait pas exister? Bien sur cette acceptation de l'absurde est le lot de tous les parents d'enfants nés sans vie.

Comme pour tous ceux qui nous avaient précédés,  il nous  fallait bien l'admettre...

Publié dans Le deuil de Batiste

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P
merci marielle, ton courage fait du bien ; surmonter la perte de son enfant est si terrible que tous les messages d'espoir permettent de remonter doucement la pente. Patricia (petry57)
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C
l'absurde, comme tu le dis si bien !<br /> le "congé maternité" sans bébé... effectivement, dans ma tête, j'étais quand même mère...mais tout cela avait l'air d'un non-sens.<br /> l'acte d'enfant né sans vie, le prénom qui n'apparaît que dans la partie "décès" comme s'il n'était pas népas de congé paternité pour mon mari, notre enfant étant née sans vie : le sésame pour le congé c'est l'acte de naissance... nos enfants ne sont-ils pas nés comme les autres ?<br /> le devenir du corps... la dure et crue réalité ; heureusement comme vous nous avons bien été informés des possibilités, ce qui n'é pas été le cas pour toutes les mamans endeuillées que j'ai connues...<br /> (merci de m'avoir lue et de m'avoir mise en "liens" ; moi aussi je vais faire de même et je reviendrai te lire avec plaisir... à bientôt)
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M
Merci d'être passer par mon site. A bientôt sur le vôtre...<br /> Marielle
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J
Votre site est bien fait et pour nous les lois belges sont aussi atroces que les votres notre fille a juste eu droit a un prénom et un acte de décès.Pas d'acte de naissance juste un prénom pour son passage dans les registres.Son papa n'a meme pas eu le droit de la reconnaitre à cause d'un foutue lois de 1960!!!Encore beaucoup de courage à vous deux.A bientot jean-louis et laurence. 
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